1) 12 au 14 novembre: Paris-Saïgon-Phnom Penh (agrémenté d'une petite digression sur l'atmosphère de Phnom Penh telle que je l'ai perçue)
vol sans histoire; pendant que Laurent se prélasse dans le luxe, Edith et moi passons une nuit paisible; mais vol très long ( pour aller à Saïgon Air France c'est pas le pied, notamment du fait de ces deux heures d'escale à Bangkok sans pouvoir quitter l'avion; j'aurais du voler avec Vietnam Airlines comme d'habitude: c'est direct!); enfin arrivée à HCMC (Ho Chi Minh City) où Claire nous attend; soirée super sympa au Temple-Club avec nos jeunes ménages expats: Claire et Charlie, Anou et Stéphane;
je retrouve avec plaisir le Temple-Club, ce vieux restaurant chic et plein de charme du coeur de Saïgon, avec son faux air de fumerie d'opium ses meubles précieux et son excellente cuisine; Stéphane m'annonce sa destruction prochaine pour faire place à un building: après le Marché Russe, le Temple-Club: Saïgon perd son âme par petits morceaux...
je découvre également la nouvelle maison d'Anou et Steph: elle est tout à fait à leur image: confortable et décontractée, nichée dans une rue tranquille d'un quartier animé et plein de charme du centre de Saïgon: on s'y sent instantanément à l'aise.
vendredi matin shopping dans Dhon Khoï avec Anou qui me fait ensuite découvrir ses bureaux au sommet d'un immeuble d'où l'on peut contempler tout HCMC, puis départ avec Steph pour Phnom Penh: 45 minuts de vol; fin d'après midi très bourgeoise à Phnom Penh: un tour au Marché Central où les mygales laquées sont toujours aussi appétissantes, un verre au FCC, dîner à "La Luna d'Autumno" et une bonne nuit au très confortable "Blue Lime" (le Pavillon Indochine était complet) car l'aventure commence demain matin...
Phnom Penh: ville glauque
un petit mot sur Phnom Penh: mon sentiment est que cette ville, qui a été l'une des plus agréable de l'ancienne Indochine, se dégrade d'année en année; c'est du moins mon impression à chacune de mes visites; le quai Sisowat et le parc devant le Palais Royal sont quasiment à l'état de décharges publiques, les innombrables 4x4 des militaires (plaque bleue et rouge) et des ONG rivalisent de luxe, de somptueuses propriétés gardées par une foule de miliciens armés fleurissent dans tout le centre de la ville, etc...le tout dans un des pays les plus assistés et les plus corrompus au monde où la plus grande majorité vit dans la misère...et vous croyez que ça ennuie les pays occidentaux de payer des 4/4 Lexus aux officiers ? eh bien pas du tout !! je viens de lire sur Cambodge Soir qu'ils avaient décidé d'augmenter leurs subventions... Il y a encore un bel avenir au Cambodge pour Hun Sen et son orchestre et autres ONG... ...et quand je dis "Hun Sen et son orchestre", il ne s'agit pas d'un orchestre de chambre, mais plutôt d'un philarmonique: j'ai lu récemment, toujours dans Cambodge Soir, que 240 (je dis bien deux cents quarante) nouveaux ministres et secrétaires d'état venaient d'être nommée dans ce pays d'environ 12 millions d'habitants !!!! BMW, Lexus et Aston-Martin (si si, j'en ai vu à Phnom Penh !!) ont de beaux jours devant eux...
...et pourtant que j'aime le Cambodge et les cambodgiens (sauf les membres de l'orchestre !!!)
2) samedi 15 : phnom Penh - Kompong Cham
nous quittons le Blue Lime vers 8h pour nous rendre à "the Bike Shop" street 302 où Bernard nous a préparé chacun une Honda XR400: un sacré engin: puissant, fiable mais assez rustique (kick uniquement) et plutôt viril; ça me change de ma R1200RT, mais nous nous rendrons vite compte que c'est exactement ce qu'il nous fallait pour affronter les "routes" cambodgiennes. Nous nous familiarisons avec nos nouvelles montures par des aller-retour le long de la street 302 et le bruit de nos gros monos doit finir de réveiller toute la rue; entrainement au démarrage au kick ( à froid c'est pas si évident) puis petite mauvaise surprise: pas de porte paquets sur les XR400; nous laissons donc la moitié de nos affaires chez Bernard et n'emportons qu'un sac à dos pour deux, ce que nous aurons assez vite l'occasion de regretter !!
enfin c'est le départ et nous nous immergeons dans la circulation de PP; il y a de la circulation, certes, mais comparé à Saïgon c'est de la rigolade; nous piquons vers la rivière puis quittons PP par le quai Sisowat en longeant le Tonlé Sap...
tout se passe bien: nos motos marchent parfaitement; pas de problème pour dépasser: en entendant approcher le bruit de nos monos tout le monde se serre à droite: elles sont sympa, nos motos, et je me surprend à accélérer plus que nécessaire rien que pour entendre leur grondement joyeux;
notre idée est d'aller jusque K. Cham, puis de traverser la Mékong pour gagner Chlong et Kratié si on y arrive, mais les aléas de la route vont en décider autrement...
je suis Stéphane qui roule en tête; l'allure est bonne car la route est pour l'instant excellente et les paysages magnifiques; mais peu à peu le doute m'envahit: somme nous bien sur la bonne route ? nous n'avons pas traversé le Tonlé Sap et je ne vois jamais K. Cham sur les rares panneaux indicateurs; je rattrape Steph et nous nous arrêtons: nous sommes à Udong et partons vers K. Chnang et non pas K. Cham ! demi tour!
à toute chose malheur est bon et nous ne regrettons pas trop notre erreur car nous pouvons rattraper la RN6 en traversant le Tonlé Sap par le bac de Prek Kdam, ce qui s'avère une expérience amusante et nous permet ensuite d'emprunter une très jolie route à travers les rizières; puis RN6 jusque Skuon puis nous arrivons au pied du grand pont de K. Cham sur le Mékong.
nous sommes déjà l'après-midi car notre erreur nous a fait perdre du temps et nous réalisons que nous aurons du mal à atteindre Kratié ce soir; l'hôtel de Chlong est complet et nous ne voulons pas rouler la nuit tombée; nous hésitons d'autant plus que de gros nuages noirs barrent l'horizon au nord; nous réservons donc les 2 dernières chambres du Mékong Hôtel, grand caravansérail sans charme mais magnifiquement placé au bord du Mékong, et après un rapide casse-croute au resto à côté de l'hôtel, le seul de K. Cham à mon sens, nous décidons d'aller visiter Chlong et de revenir dormir ici.
et c'est après une demi-heure de route que le ciel ouvre toutes grandes ses écluses: en une minute nous sommes trempés, et nous devons stopper, le route s'étant transformée en rivière; cela dure à peu près une heure: nous ne verrons même pas Chlong !!! nous faisons donc demi-tour et c'est sous un ciel enfin radieux que nous repassons sur le Mékong et rentrerons dans K.Cham encore trempée (photo çi-dessus)
tandis que nous nous changeons tant bien que mal car toutes nos affaires sont trempées (mes chaussures mettront 3 jours à sécher !) le ciel cambodgien se fait pardonner en nous offrant un maginfique coucher de soleil pourpre et or sur le Mékong;
petit tour au marché pour essayer de trouver du rechange, mais en vain: le marché de K. Cham n'est pas le Russian Market; dîner rapide, et à notre grande surprise plutôt bon, au resto voisin et dodo: demain routes difficiles.
3) dimanche 16: Kompong Cham - Siem Reap (agrémenté d'une courte digression sur la valeur comparée des bières d'Asie !!!)
réveil matinal au bord du Mékong: chouette: temps splendide; petit mauvais moment à passer: enfiler les affaires encore humides de la veille (les chaussures notamment!); puis quick breakfast et départ le long du Grand Fleuve (grand fleuve que j'imaginais plus large à la hauteur de Kompong Cham; enfin le pont fait quand même près de deux kilometres!);
notre programme est de gagner Stung Trang (à ne pas confondre avec Stung Treng vers le Laos) en longeant la rive ouest du Mékong sur 40 kms, puis à l'ouest toute jusqu'à Spoe Tbong puis emprunter la R71 qui nous ramènera sur la R6 un peu avant Kompong Thom, puis R6 jusque Siem Reap: programme que nous accomplirons scrupuleusement, contrairement à hier.
nous commençons par emprunter une petite route qui se transforme très vite en chemin relativement boueux et creusé d'ornières: cela devient très vite du tout terrain; nous sommes ravis et nos XR400 également: le ciel est bleu et notre ami le Mékong ne nous quitte pas: traversées de petits villages, de marchés le long du fleuve où les gens s'écartent gentiment pour nous laisser passer avec un grand sourire, cris des enfants alertés par le bruit de nos gros monos qui accourent pour nous saluer, et auxquels nous ne pouvons pas toujours répondre car sur un tel terrain il ne s'agit pas de lâcher le guidon ! certains même, guère agés de plus de 10 ans, enfourchent une motocyclette pour nous accompagner durant quelques kilomètres, et je dois avouer que j'ai quelque mal à soutenir la cadence de certains d'entre eux; le paysage est idyllique: forêt et rizières le long du fleuve et nous nous arrêtons par moment pour admirer, aussitôt entourés par enfants et adultes avec qui nous échangeons quelques mots (anglais !!!): que du bonheur !!!
environ 2 heures plus tard (pour 40 kms!) nous arrivons à Stung Trang où nous quittons le Mékong pour rattraper la R71 à Spoe Tbong; la route, d'abord en bon état, nous permet de retrouver un rythme plus soutenu, mais pas pour longtemps: très vite un tas d'obstacles se présentent sous forme d'énormes convois de troncs d'arbre, de ponts en planches disjointes, de longs passages en terre battue, de troupeaux de vaches; ma rencontre avec l'un de ces paisibles ruminants a d'ailleurs failli mal finir quand je me suis rendu compte au dernier moment que cette brave bête qui broutait tranquillement sur le côté droit de la route était en fait attachée par un cordage à un arbre situé lui sur la gauche de la route ....évitement en catastrophe mais pas de bobo; ces mauvaises conditions continuent sur la R71, route où tout est magnifique sauf....la route elle même; mais après tout c'est pour ça que nous sommes venus...
nous rejoignons enfin la R6 et c'est sans problème que nous atteignons Kompong Thom où nous nous arrêtons pour ravitailler nos montures et nous mêmes.
j'avais fait étape il y a quelques années à Kompong Thom (Rosane, Bernadette, Marie: vous vous rappellez ?) et j'avais dîné et dormi au Royal Garden Hôtel, un bien beau nom pour le seul hôtel correct de la ville; je pensais m'y arrêter à nouveau pour déjeuner lorsqu'en plein centre ville nous tombons sur un nouvel hôtel restaurant dont j'ai oublié le nom mais qui avait l'air neuf, bien tenu et très fréquenté. Nous garons nos montures et sommes immédiatement pris en charge par une nuée de serveurs et nous retrouvons à la même table qu'un couple d'australiens fort sympas avec qui nous partageons une bonne Tiger Beer (pas assez fraiche !!!)
petite digression brassicole: de mon passé de dirigeant d'une entreprise de brasserie j'ai gardé un goût assez critique concernant ce breuvage universel, et je met un point d'honneur à goûter au cours de mes voyages les bières locales qui, je dois bien l'avouer, sont en général d'assez bonne qualité; j'ai ainsi pu apprécier l'Everest au Népal et la Kingfisher au Rajastan qui, la chaleur aidant, m'ont semblé tout à fait acceptables; rien à dire non plus sur la "bababa" (333) vietnamienne ( 33, ou "baba" en vietnamien, était la marque des Brasseries et Glacières d'Indochine qui, ayant quitté le Vietnam ont continué d'exploiter la marque 33 en France, reprise maintenent par Heineken; les vietnamiens ont simplement rajouté un 3, et l'on trouve ainsi de la 333 ou bababa à HCMC); il me semble également avoir bu de la Myanmar en Birmanie et je crois me rappeller qu'il existe également de la Bagan, mais je n'en suis pas sûr; mais pour moi les deux meilleures sont la Singha thailandaise et la Tiger Singapourienne, et je dois confesser que, par contre, j'apprécie très peu l'Angkor Beer cambodgienne, ce qui explique mon choix à Kompong Thom !!!
Après un bon repas nous repartons pour une après-midi qui s’annonçait tranquille : 175 kms sur la R6, l’excellente route qui va de PP à Siem Reap, et de plus par un temps superbe…
en fait ça ne fut pas si tranquille que çà, car sur une grand route cambodgienne des dangers inattendus guettent le motard occidental et l'obligent à une attention de tous les instants:
d'abord et surtout les trous qui peuvent se présenter brusquement au milieu d'une chaussée parfaite, et le trou cambodgien c'est quelque chose !!! ça peut faire dans le 10 à 20 cms de profondeur et si tu te laisses surprendre en roulant dans les 80-100/kms c'est le vol plané assuré...
il y a aussi le 4x4 cambodgien et le bus cambodgien: alors c'est simple: pour eux tu n'existes pas; et comme ils sont toujours plus ou moins en train de faire la course eh bien tu t'écrases ..... sinon c'est eux qui t'écrasent !!!
et puis il y a le cambodgien tout court qui sort brutalement de nulle part et t'oblige à un freinage à la desperado tout en t'adressant un grand sourire...
et puis il y a le chien cambodgien...et la vache cambodgienne
enfin on peut dire que l'on ne s'ennuie pas sur une grand route cambodgienne..;
enfin malgré tout tout allait fort bien lorsqu'à environ 75 kms de Siem Reap j'ai trouvé que la route se dégradait de plus en plus au point d'affecter la tenue de route de ma moto... jusqu'à ce que je réalise que ce qui se dégradait de plus en plus c'était la pression de mon pneu arrière: j'étais crevé !!! (enfin ma roue arrière, pas moi!); très vite alors que je roulais au ralenti je passe devant une sorte de petit atelier d'où quelques jeunes me font signe, et c'est dans la bonne humeur que tout a été parfaitement réparé;
une heure plus tard entrée (difficile: quelle cohue!) dans Siem Reap où nous respectons la ligne de conduite que nous nous sommes fixée: baroud la journée et confort le soir; nous nous rendons donc directement sur la grand place à l'hôtel Victoria où nous avons réservé deux chambres; j'avais gardé un excellent souvenir de cet hôtel au confort raffiné, ce qui n'est pas rare à SR, mais discret et de bon goût, ce qui l'est beaucoup plus. Nous faisons une entrée plutôt remarquée, avec nos vêtements poussièreux, parmi la clientèle huppée qui fréquente ces lieux, ce qui ne nous empèche pas de passer une très agréable soirée entre piscine, bar et restaurant, puis nous gagnons nos confortables chambres pour un sommeil réparateur: demain lever 6h !!!
4) lundi 17: Beng Mealea: une journée encore plus magique
les temples d'Angkor: j'y suis allé plusieurs fois;
les plus connus sont situés dans ou autour d'Angor Thom (la cité royale) tels Angkor Vat, le Bayon ou Ta Phrom, mondialement connu par les gigantesques fromagers qui emprisonnent ses murs;
ils sont magiques
mais, à 70 kms, en pleine jungle, se trouve Beng Mealea: mon préféré, il est encore plus magique
il est encore plus magique parce qu'immense: on pense qu'il aurait servit de modèle pour Angkor Vat
il est encore plus magique parce qu'encore "dans son jus", et d'ailleurs le visiter relève de l'escalade;
et surtout il est encore plus magique car son éloignement le met à l'abri des hordes de touristes: on est seul dans ces ruines en pleine jungle, aucun bruit si ce n'est les cris des singes et autres animaux, et l'on découvre des chefs d'oeuvre: bas reliefs extraordinaires, colonnes finement ouvragées, sculptures de toute beauté… et l'on ressort k.o., saoulé par tant de beauté, par le chant de milliers d'oiseaux résonnant à travers la jungle; on est Tarzan, on est Kipling, on est Mowgli…
Jean-Jacques Annaud, lui aussi l'a trouvé encore plus magique, et l'a choisi comme décor pour son film "les deux frères"
s'y rendre et en revenir: 140 kms sur une piste en pleine jungle; en moto c'est encore plus magique
le 17 novembre: une journée encore plus magique
Mardi 18: retour en moto à Pnomh Pehn, puis vol pour Saigon: nous reviendrons !
et nous avons tenu parole: voir «les secrets de la khmère rouge»